Le journal du sexe

On sait que l'addiction au sexe devient une véritable épidémie. Mais on connaît moins bien les "coulisses" de la dépendance. Cette addiction s'insinue peu à peu. Au départ, c'est l'envie de reproduire ce plaisir le plus de fois possibles. Mais il en faut plus, toujours plus... Au point de ne plus pouvoir être heureux d'avoir du plaisir physique.
Tout comme l'alcool ou la drogue, on est considéré comme accro au sexe "lorsque la pensée est entièrement dirigée vers le
besoin de dégager une tension que la personne concernée ne sait se mettre à distance. Il y a quelque chose qui s'inscrit dans le corps.
Cette répétition comportementale devient un mode de vie qui annule toute raison", explique Joëlle Mignot, psychologue sexologue clinicienne et rédactrice en chef de la revue Sexualités Humaines sur Europe1.
Pour la spécialiste, l'addiction ne doit pas être confondue avec perversion: "Dans l'addiction, l'individu est dépendant de ce qui se passe en lui, alors que dans
la perversion il y a une volonté d'utiliser l'autre comme un objet.
Il faut aussi distinguer l'addiction de la séduction, dans laquelle l'individu cherche avant tout à se rassurer. Dans l'addiction, il est en relation permanente avec sa jouissance."
Pour d'autres spécialistes, on parle d'addiction lorsque la dépendance (au porno, aux relations sexuelles, à la masturbation...), se déroule en quatre différentes
phases. La première est l'obsession (le faire occupe toutes les pensées).
La seconde étape est le rituel (les choses à mettre en place pour stimuler l'excitation avant l'acte).
La troisième est l'impulsivité : compulsivement, la personne dépendante va procéder à l'acte. Enfin, après, la honte d'avoir cédé à l'envie.
"L'addiction sexuelle est par ailleurs souvent très liée à la pulsion de mort. Il y a derrière cela quelque chose de l'ordre
de l'autodestruction, en annulant tout le reste de la vie", précise la spécialiste à la radio française.
Les hommes les plus touchés
Ces addictions sexuelles sont moins présentes chez les femmes. "C'est certainement parce que chez l'homme, le mécanisme de l'éjaculation est lié au mécanisme de la
jouissance", constate-t-elle.
Des traitements existent pour ceux qui souffrent de cette addiction et veulent s'en sortir. Un sexologue peut rediriger les personnes qui en sont atteintes vers un
spécialiste (psychanalyste, psychothérapie, médicaments, groupes de parole...).
Le tout est d'en parler le plus rapidement possible à un professionnel, au risque de s'enliser dans la dépendance et le désespoir qu'elle occasionne.