Le journal du sexe

« Oui j’aime les femmes, et alors ? » C’est par cette réplique que Dominique Strauss-Kahn donnait le ton lors d’une interview accordée au quotidien Libération le 28 avril dernier.

 

L’homme fort du FMI en profitait pour mettre ses adversaires au défi de publier des fameuses « photos de partouzes géantes » qui le mettraient en scène.

 

A cette date DSK passait encore pour un chaud lapin qui faisait parfois sourire ici et là. Mais depuis son arrestation à New York le week-end dernier ce n’est plus du tout le cas. DSK est inculpé d’agression sexuelle, tentative de viol et séquestration sur une femme de chambre de l’hôtel où il venait de passer la nuit. Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-01.jpg

 

 

Le « séducteur de ces dames » est KO, et les experts médicaux s’interrogent : Quel terme clinique peut-on employer pour qualifier ce surdoué en économie déchu ?

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

L’affaire DSK relève-t-elle de la séduction ? de l’obsession ? d’une addiction forte ?Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-03.jpg

 

 La question d’un piège tendu à DSK s’est immédiatement posée.

 

Et l’hypothèse n’est pas si délirante pour Laurent Karila, psychiatre spécialiste des addictions à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif : « Vous prenez un accro au sexe, à qui vous présentez une jolie jeune femme au look aguicheur. C’est exactement la même que si vous présentiez de la cocaïne à un cocaïnomane non traité. Se déclenche dans son cerveau un craving, c’est à dire l’envie irrésistible de consommer. Alors, il craque ».Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-04.jpg

 

 Si Laurent Karila estime qu’une expertise médicale déterminerait si DSK entre dans ce schéma, Alain Didier Weill, psychiatre et analyste, parle d’une « catastrophe attendue ». Selon ce dernier, « dans une période où la censure autour de lui est étouffante, surgit une espèce de levée intempestive du refoulement sexuel élémentaire ».Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-07.jpg

 

Y a-t-il une catégorie claire où on peut ranger Dominique Strauss-Kahn ? Le Docteur Jean-Claude Matysiak, psychiatre et chef de service en addictologie au centre hospitalier de Villeneuve Saint-Georges, qui publie ces jours-ci "Le désir malade", estime que le cas DSK « est à la frontière entre sexualité dite normale et pathologique ». Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-08.jpg

 

Mais pour Catherine Solano, sexologue et auteur de "Les trois cerveaux sexuels", l’époux d’Anne Sinclair est avant tout un séducteur effréné qui, de toute façon, ne correspond pas au profil du violeur. Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-09.jpg

 

Elle rejoint ici le point de vue du Docteur William Lowenstein, directeur de la clinique Montevideo spécialisée dans le traitement des addictions, qui affirme que la séduction est à l’opposé de l’agression. Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-10.jpg

 

Et pour ce qui est de l’addiction au sexe, Catherine Solano estime que le verdict n’est même pas certain : « Beaucoup prêtent à DSK des aventures et un succès auprès des femmes. Mais ces comportement ne font pas forcément de lui un sex addict ». Il resterait donc à déterminer si DSK est cliniquement accro au sexe ou non. 

 

 Selon le Professeur Florence Thibaut, chercheuse à l’Inserm exerçant au service psychiatrie du CHU de Rouen, cette pathologie toucherait entre 3% et 6% de la population sexuellement active, et masculine dans plus de 80% des cas. Ces personnes souffrent. Et dans cette configuration, une psychothérapie est souvent préconisée. 

 

 Le statut de DSK aurait-il joué ? Les hommes qui ont une position sociale privilégiée sont logiquement très sollicités par les femmes, mais là encore ils n’en deviennent pas forcément des addicts, et de nombreux anonymes peuvent, à l’inverse, courir de manière soutenue derrière les femmes.

 Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-11.jpg

« C’est bien plus une question de génétique et d’éducation donnée par les parents » clame les spécialistes. Quoi qu’il en soit, Catherine Solano et Laurent Karila insistent tous deux sur ce point : Il y a une distinction très nette entre le sex addict et l’aggresseur sexuel : L’accro au sexe se distingue par une fréquence excessive, non contrôlée et croissante du comportement sexuel. Il peut télécharger du porno, réserver des escort girl, participer à des orgies. Annie_Cruz-Cruz_control-CumFiesta-12.jpg

 

Alors que l’agresseur se replie essentiellement sur le viol, sa seule modalité d’expression. Il relève dans ce cas des perversions sexuelles, s’apparentant à une autre maladie, elle même distante des "déviances" telles que l’exhibitionnisme, le fétichisme ou le voyeurisme. Il est rare qu’un addict soit un violeur potentiel.

 

Et un séducteur, peut-il basculer ? Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue, confie qu’il peut y avoir des dérapages, avec la volonté "de conclure dans l’instant", mais « la plupart des délinquants sexuels ne sont pas des séducteurs ».

 

Nous serions dans ce cas face une personne faisant face à une angoisse, à une pression ou un stress, et qui finirait par craquer sous l’effet d’une pression. 

 

 Et, une fois l’acte passé (raté ou accompli) il serait le premier à s’interroger pour savoir comment il a pu en arriver là.

 

Le psychiatre Philippe Brenot, directeur des enseignements de sexologie et sexualité humaine à l’université Paris-Descartes, affirme que si l’agression sexuelle était vraiment avérée dans l’affaire DSK, « il s’agirait dans ce cas d’un trouble de la personnalité ».

Jeu 9 jun 2011 Aucun commentaire