“Faire l’amour, c’est magique, j’ai la sensation d’être immortelle.”
Dans une vidéo faisant la promotion des Femmes, le Sexe, l’Amour, qui paraît ces jours-ci, des passantes se sont prêtées au jeu d’égrener les citations, livre à la main.
Ce dernier, fort de ses “3 000 témoignages”, nous apprend que les femmes aiment s’adonner à l’amour physique. La preuve (une autre) :
“Mon sexe s’ouvre comme une fleur, c’est une fusion qui me rend complètement dingue.”
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Au risque donc que notre papier prenne feu, notons que cet excellent livre n’est pas le seul à explorer “ce terrain insuffisamment défriché qu’est la sexualité féminine”.
D’un côté, la femme serait celle qui, à l’inverse du mâle viril et taiseux, passe son temps à s’épancher sur ses ébats sexuels et à rendre publics ses orgasmes.
Pour en parler, bien sûr, elle emploie moult métaphores et images poétiques car il s’agit d’un être délicat et éthéré.
La plupart du temps, hélas, la femme ignore tout de son corps, rapport au tabou pesant sur la sexualité féminine depuis la Préhistoire.
A l’époque, déjà, l’Homo sapiens culbutait sa compagne dès qu’elle avait le dos tourné ou avait le malheur de ramasser une châtaigne, et ce sans se soucier de la conduire à bon port, bien sûr.


Campée dans son rôle de bébête de sexe, abonnée aux questions d’ignorante écervelée, la femme n’a pourtant pas dit son dernier mot.
Mais c’est alors pour tomber dans un travers inverse, consistant à s’approprier un schéma phallocentrique (en faisant croire que non) pour le renverser en discours épicuro-féministe.
Dans son essai La Polygamie, pourquoi pas ?, Catherine Ternaux met en doute le sexe monogame. En effet, qui aujourd’hui voudrait encore se livrer à cette pratique bourgeoise, catho et ultra ringarde ?
Selon elle, la polygamie a bêtement été stigmatisée et confondue avec la polygynie (les princes arabes avec leur harem, par exemple) et doit être dédiabolisée de toute urgence.
Pour ce faire, l’auteur s’appuie sur de solides références, comme Alain Badiou (“Il faut réinventer l’amour”) et Carla Bruni (“Je m’ennuie follement dans la monogamie (…). Je suis monogame de temps en temps mais je préfère la polygamie et la polyandrie”).
Loin de cette ode à l’amour pluriel sortie d’un autre temps (où l’expérimentation d’un tel concept a déjà été invalidée par son lot de sang et de larmes), l’ouvrage de Sylviane Agacinski plane de toute sa superbe universitaire.
Pourtant, avec ses sempiternelles références à la question du genre (Beauvoir, Judith Butler, etc.), ses questions mille fois débattues, Femmes, entre sexe et genre donne le sentiment d’un enlisement théorique et d’un ennui qui justifie, ailleurs, un tas d’âneries rétrogrades.
Les Femmes, le Sexe, l’Amour de Philippe Brenot (Editions de l’Arène), 304 p., 19,80 €; La Polygamie pourquoi ? de Catherine Ternaux (Grasset), 140 p., 10 €; Femme, entre sexe et genre de Sylviane Agacinski (Seuil), 176 p., 17 €.