Samedi 3 mars
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La masturbation solitaire est une pratique encore taboue au sein du couple. Considérée injustement comme un acte pervers, elle permet pourtant de se
découvrir et de s’épanouir dans une vie à deux. Mais gare à l’addiction au plaisir facile…
Tout le monde, ou presque, a déjà pratiqué la masturbation, mais elle reste une pratique inavouée, voire honteuse. Pourtant, ce petit plaisir est bien utile dans
une vie à deux.
« Le couple n’est pas toujours réglé parfaitement en matière de sexe. Parfois, votre partenaire n’a plus envie de faire l’amour alors que vous en voulez encore. La
masturbation rééquilibre les désirs sexuels de chacun sans frustrer ou harceler votre partenaire », explique le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue et directeur du Centre d’andrologie de
l’hôpital Cochin (Paris).
Encore faut-il être prudent lorsqu’on réalise ses fantasmes en solitaire pour ne pas blesser l’autre ou lui envoyer les mauvais signaux. Dédramatisez
l’acte Les femmes, en particulier, vivent très mal le fait de surprendre leur partenaire en train de se masturber. Elles se sentent remplacées, trompées, voire trahies par cet acte
solitaire.
Le contraire de ce que ressentent les hommes lorsqu’ils voient leur femme se masturber. « Il faut absolument dédramatiser la masturbation solitaire au sein d’un
couple car ce n’est ni un acte pervers, ni de la tromperie. Les hommes le ressentent comme un besoin de libérer leur tension. Et s’ils découvrent leur femme en train de se masturber, c’est plutôt
quelque chose d’excitant pour eux.
Cela veut dire que leur femme aussi a des désirs et sait se faire plaisir », rappelle le Dr Sylvain Mimoun. La masturbation ne nuit donc pas au couple en soi,
lorsqu’elle est pratiquée de manière raisonnable, dans le seul but de se faire plaisir ponctuellement.
Cependant, lorsque la masturbation devient une pratique régulière, elle peut mettre en danger une relation. Physiquement, si votre homme se masturbe tous les jours,
il risque d’être moins productif… même si cela dépend en partie de son âge et de ses capacités propres.
Faire "durer" plus longtemps le rapport sexuel suivant Les jeunes d’une vingtaine d’année comptent souvent sur une première masturbation solitaire pour "durer" plus
longtemps lors du rapport sexuel suivant avec leur amie. « En pratique, le rapport est en effet plus durable, mais cette technique utilisée pour une meilleure performance est mauvaise à long
terme », met en garde le gynécologue Sylvain Mimoun.
En effet, lorsqu’un homme se masturbe pour se débarrasser de sa première éjaculation, il autoentretient un réflexe mécanique de rapidité. « À 20 ans, il pourra
certainement recommencer à faire l’amour sans difficultés mais, à 30 ou 40 ans, ce sera déjà plus difficile. L’éjaculation précoce naît parfois de ce réflexe autoentretenu de rapidité », avertit
le Dr Mimoun. Il faut alors que l’homme se rééduque pour régler ce problème.
Le sex toy, ami ou ennemi du plaisir ? Même s’il existe aussi chez les femmes, ce problème de panne sexuelle est moindre, puisqu’elles sont
multiorgasmiques. Une première masturbation, manuelle ou avec sex toy, peut donc déclencher un premier orgasme, une première mise en situation qui va leur donner envie de plus. Cependant, ce
jouet doit être utilisé avec précaution pour qu’il ne devienne pas une addiction. « Lorsqu’une femme se conditionne à la stimulation vibratoire, la main ou la bouche peuvent sembler faibles à
côté. Le sex toy est un objet de plaisir facile, sans défaut. Mais l’homme n’est pas une machine », avertit le Dr Sylvain Mimoun.
Pour les hommes comme pour les femmes, la masturbation implique le désir sans l’autre. Qu’arrivera-t-il alors lorsque vous vous retrouverez au lit avec votre
partenaire en chair et en os ? La masturbation est un jeu qui met en scène votre imagination érotique. Elle ne doit en aucun cas prendre plus de place que la réalité. Si c’est le cas, la
sexothérapie peut vous aider à surmonter ce cap.