Partager l'article ! Bizutage : pourquoi le sexe devient l’outil de toutes les humiliations: Dans les affaires de bizut ...
SexeJournal
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Dans les affaires de bizutage, comme celle qui vient de faire scandale au sein des Pompiers de Paris, alcool et sexe se mélangent dans un cocktail explosif. Les vies brisées par ce type de violences, souvent acceptées sous la contrainte, voient rarement leurs agresseurs punis.
Depuis le vote de la loi en juin 1998 qui a fait du bizutage un délit, le bizutage est en constant recul. Mais, comme le montre un bizutage récent chez les Pompiers de Paris, des faits particulièrement graves sont encore commis.
Obliger les nouveaux à se dénuder, souvent dans l’espace public : fontaine, place… c’est une garantie d’humiliation facile. On voit des garçons qui cachent leur sexe avec leurs mains pour échapper au regard des passants, des filles qui cachent leurs seins pour préserver leur pudeur.
Toute atteinte à l’intégrité corporelle est une violence grave, la victime se sent salie et elle a souvent beaucoup de difficulté à témoigner de ce qu’elle a subi comme si en parler était une humiliation supplémentaire.
Il est toujours difficile de transgresser le tabou de la sexualité même quand on est la victime.
La loi du silence fait obstacle à l’éradication du bizutage car sans témoignage il n’y a pas d’action possible ni en justice, ni au sein des établissements concernés. La victime pense que si elle n’en parle pas elle finira par oublier, ce n’est pas vrai. Il n’est pas rare que les victimes nous appellent des années après les faits pour savoir comment agir, comment obtenir réparation du préjudice subi pour pouvoir enfin tourner la page.
La méfiance doit être la règle car on a parfois changé les mots sans changer les choses: on ne parle plus de bizutage mais d’intégration.
Si les faits les plus graves en particulier à connotation sexuelle ont diminué, l’alcool a souvent remplacé d’autres pratiques car il est facile de prétendre qu’on n’a obligé personne à boire même si les nouveaux vont boire pour faire comme tout le monde et ne pas risquer d’être stigmatisés. Les comas éthyliques ne sont pas rares, les décès non plus.
Attention aux bonnes actions type actions « humanitaires» au cours desquelles on oblige les nouveaux « à faire » sous l’œil des anciens.
Le bizutage sévit partout et pas seulement dans l’enseignement supérieur, il touche aussi les lycées et leurs sections d’enseignement supérieur, les sections sport-études, les lycées agricoles, les internats, l’armée, les pompiers, le sport…..
Le bizutage prépare nos élites au harcèlement dans l’entreprise. Le « bon » bizuteur est un potentiel harceleur.
Les victimes, si elles dénoncent les faits, sont presque toujours obligées de quitter l’établissement, de renoncer aux études envisagées, à leur carrière professionnelle. C’est donc le plus souvent la victime qui est pénalisée, les auteurs des faits étant trop souvent peu ou pas sanctionnés.
Le jeune qui a accepté peut avoir honte de ne pas avoir pu ou su dire non. Les traumatismes psychologiques sont fréquents et parfois graves.
Les jeunes femmes sont des victimes potentielles faciles : les obliger à se dénuder, à simuler des actes sexuels, à chanter des chansons obscènes entre autres, pour les humilier n’est pas rare. Le machisme reste une réalité.
Pour que le bizutage cesse il faut une prise de conscience de tous : parents et enseignants doivent inculquer aux jeunes, dès le plus jeune âge, les notions élémentaires du vivre ensemble : respect de soi, respect de l’autre, respect des droits de l’homme, esprit critique. Des actions de prévention devraient être organisées pour favoriser cette prise de conscience.
Les équipes éducatives et les hiérarchies doivent être particulièrement vigilantes, c’est leur responsabilité, de vérifier que les week-ends et soirées d’intégration même si ils ont lieu en dehors de l’établissement, ne cachent pas des bizutages.
Le programme de ces festivités doit être connu et validé par l’encadrement.